une conférence de André Gunthert
Reconfigurer la culture
André Gunthert, enseignant chercheur, commence par changer le titre de son intervention : “Ne parlons plus des amateurs”.
Changement qui s’explique par la sortie de la période dite du “web 2.0”. Les interventions amateures se heurtent à la production industrialisée, par exemple avec les publicités contextuelles glissées dans les réseaux sociaux comme Facebook, Youtube ou Twitter. Au-delà de ce constat sombre il y a aussi une culture partagée, Wikipédia en est un très bon exemple.
Défaut de vision
Il y a un problème de hiérarchisation de l’information, la hiérarchisation mainstream est vieille, c’est la vision des pratiques et non les pratiques elles-mêmes qui doivent changer. Changer de hiérarchisation de l’information c’est changer d’autorité. L’autre constat – après celui de l’industrialisation des interventions amateures à travers les outils du “web 2.0” – c’est que les autorités n’ont pas envie de changer de vision.
Retour sur le terme “amateur”
Le terme d’amateur a connu une évolution paradoxale : connotation positive puis péjorative. Quelques étapes :
- d’abord signifiant une pratique scientifique qui est faite en parallèle d’une activité principale ;
- institutionalisation de la pratique scientifique : l’amateur devient “du dimanche”, en dilettante ;
- on en arrive à la situation où cela devient intolérable que des non-spécialistes remettent en cause l’autorité.
Deux problèmes sont soulévés par André Gunthert.
Premier problème
Hostilité contre des nouvelles pratiques – dont le partage – de la part des garants des autorités. Que s’est-il en vingt ans d’Internet ? Peut-être que ce ne sont pas les modernes – les amateurs qui utilisent les nouveaux outils offerts par le web – qui vont gagner, mais les hostiles. Posture volontairement provocatrice d’André Gunthert ?
Deuxième problème : le mirage démocratique de la technique
On ne sait pas nommer les acteurs qui n’ont pas de trait spécifique : ceux par exemple qui font le web – le quidam. Démocratisation de la technique en deux temps : d’abord chacun – le quidam – peut acquérir un outil, mais il y a peu de gens qui l’utilise. On en revient au constat d’avant le “web 2.0” : il y a plus de consommateurs que de créateurs. Tous ceux qui utilisent vraiment les possibilités d’Internet sont des activistes.
André Gunthert nous regarde tous dans les yeux : “Vous êtes un groupe d’activistes”.
Conclusion
Toute activité amateure prend le risque d’être récupérée par une industrie. La production gratuite est un stade expérimental – on peut prendre l’exemple ancien des sociétés savantes. Wikipédia est un work in progress permanent et évolutif, dans lequel on ne peut pas mettre du droit d’auteur – sinon ça s’écroule ! Il y a une nécessité de poser des cadres différents pour expérimenter.
Pour changer de vision on peut changer de terme pour “amateur” : par exemple “activiste”.
amateur
Questions
Les participants ont principalement réagi sur la notion d’auteur : est-ce que cette notion peut être laissé intacte dans ce boulversement des pratiques amateures ?
À noter aussi un aspect d’Internet : les productions visibles sur le web sont redevables du code informatique, et c’est un cadre pour le moins formalisé et institutionnalisé – exemple de la standardisation et sa coordination par le W3C – face à des pratiques amateures.