une conférence de David Vallance
MetaFont expérience
Penser la variation typographique, MetaFont, un cas d’étude.” Tel était le titre complet de l’intervention de David Vallance, et du travail qu’il a mené à l’occasion de son Diplôme National d’Art et Technique (DNAT) en 2012.
Tout commence par la découverte du travail de Donald Knuth, informaticien américain.
I had spent 15 years writing those books, but if they were going to look awful I didn’t want to write any more.
Excédé par la pauvreté du rendu de l’édition d’un de ses livres scientifiques, Donald Knuth va créé les bases LaTeX en 1977, un workflow permettant de générer des documents convenablement mis en page, à partir d’un balisage relativement simple. Disponible à partir de 1983, LaTeX est d’abord pensé pour permettre une mise en page de documents de recherche dans le domaine des sciences dures : mémoires, thèses, articles, comprenant des formules mathématiques, des notes, des légendes, des diagrammes… Il faut noter que LaTeX ne propose alors pas d’interface graphique, il s’agit donc d’écrire dans un éditeur de texte, et de générer les formats de sortie — par exemple du PDF — à partir d’un terminal, principalement sous Linux même s’il est possible de faire tout cela sous d’autres OS. L’accès à LaTeX n’est pas donc pas forcément évident, même si aujourd’hui nombreuses sont les interfaces qui permettent de prendre en main ce système et de générer des PDF. LaTeX est encore beaucoup utilisé par les universitaires pour écrire leurs articles ou des documents plus longs, en France, au Canada, aux États-Unis et aillers.
Le concept de MetaFont
Donald Knuth va créer un programme de description des fontes pour permettre à un ordinateur de faire varier des caractères, pour ensuite les intégrer dans un document LaTeX. Metafont est un peu la typographie numérique là où LaTeX est la publication numérique — numérique au sens de dynamique, maléable, transformable, non figé.
Le principe de MetaFont c’est le traçage d’une lettre en passant par le centre de celle-ci : comme une plume. Et non en faisant le contour : “plume(s) virtuelle(s) par le code”. Cinq concepts de “most pleasing curves” sont à l’origine de Metafont :
- l’invariance ;
- la symétrie ;
- la localité ;
- l’extensibilité ;
- la rondeur.
MetaFont est un principe dynamique pour tracer/dessiner des caractères, avec cette possibilité de modifier tout un alphabet de glyphe grâce à un certain nombre de variables. Il n’y a pas — non plus — d’interface graphique, pour modifier les variables il faut intervenir sur quelques lignes de codes assez compréhensibles.
Metafont en pratique
Réussir à créer une famille de caractères avec Metafont est très long et fastidieux, puisque chaque variable concerne toutes les glyphes. Il est impossible de gérer les pleins et les déliés avec les principes de base, des recherches plus importantes sont donc nécessaires, et c’est là que les choses deviennent beaucoup plus complexes. Aussi, chose importante, MetaFont remet en cause le principe de famille typographique puisque les déclinaisons d’un même caractère sont — presque — infinies (voir le travail d’Adrien Vasquez, et notamment .txt aux Éditions B42).
Douglas ?
Douglas H va mener un certain nombre de recherches autour de MetaFont. Il va montrer la difficulté de faire varier un alphabet complet : “Toutes les possibilités sont là, c’est juste qu’il y en a trop”.
Les recherches de David Vallance
David Vallance va expérimenter Metafont, comprenant très vite le potentiel :
On met des balises dans le dessin de caractères, c’est hyper puissant.
Les difficultés, comme l’avait souligné Douglas H, c’est d’arriver à un résultat pour toutes les glyphes d’une famille. David Vallance est donc passé par de nombreuses étapes ou certains caractères sont très expérimentaux, pour ne pas dire illisibles. Les fontes générées par le code sont parfois dégénérées.
Metafont n’est pas qu’une expérimentation formelle : “l’avantage c’est que c’est une communauté libre et ouverte”, et cela permet à une communauté de travailler facilement sur des projets de fontes.
Les travaux de David Vallance n’ont pas abouti à la création d’une famille complète et utilisable, mais ont permis de fournir des specimens étonnants, parfois beaux, de mêler code et graphisme et de prolonger les expérimentations autour de Metafont.
[Hofstadter’s answer to MetaFont’s design engines. Still relevant.](http://www.cs.indiana.edu/pub/techreports/TR136.pdf)